mardi 30 août 2016

Claude Ponti, un auteur qui ne plaît pas à tout le monde...

Juste avant la rentrée, j'avais envie de publier ce message rédigé depuis pas mal de temps mais que je n'avais, je l'avoue, pas osé publier... Parce que tout le monde ne sera pas forcément d'accord, et c'est tant mieux... Juste avant la rentrée donc, un petit article sur un auteur pour enfants, plébiscité par les instituteurs...
Parce qu'il existe des dizaines, des centaines, des milliers d'ouvrages pour enfants, on a le droit de ne pas tous les aimer... Et il faut le dire aussi ! Cette fois-ci, c'est un auteur bien connu des enseignants et des parents, Claude Ponti, qui a éveillé ma mauvaise humeur. Il paraît que c'est un auteur du parcours éducatif. Qu'on le lit quand on est petit et qu'il y a tout un tas de messages dans ses ouvrages... Soit.
Ce n'est pas récent cette mauvaise humeur, je le reconnais, cet avis de maman pas du tout emballée par cet auteur, mais ce blog me donne l'occasion d'en parler. Et d'avoir aussi éventuellement votre avis. Notamment parce que j'ai relu récemment le livre "L'affeux moche Salétouflaire et les Ouloums Pims".
Par avance, je sais que bon nombre de professeurs des écoles ou de parents ne partageront pas mon avis. Mais certains autres s'y reconnaîtront peut-être, je ne dois pas être la seule à ne pas y voir que du positif.
Ce livre raconte l'histoire de deux personnages qui décident de remettre en place les rayons du soleil, démantelé par l'horrible Salétouflaire pour en finir avec la vie sur la planète. Jusque là tout va bien...ou presque. Sauf que ce livre, comme les autres de cet auteur, est donné à lire à des enfants de maternelle et de primaire qui ne prononcent pas encore correctement tous les mots, ont du mal à ne pas oublier certaines syllabes et ne comprennent pas encore le sens de certains termes utilisés dans les livres pour enfants. L'occasion, me direz-vous, de leur apprendre de nouveaux mots et de les expliquer. Oui, bien sûr. Sauf que chez Claude Ponti, les mots sont souvent imprononçables, même par les adultes, inventés, sans aucun sens évident et donc inexplicables. Quelques exemples à l'appui dans l'ouvrage précédemment cité : "horribileuse", "grognéraléguette", "vidéottent", "crévéfassé", "énervirite", "rongégommé"... Allez expliquer ça à votre marmot !!! Et après, on s'étonne que les jeunes prennent des libertés avec l'orthographe... Bon, admettons que cet argument soit vieux jeu, même si je l'estime déjà suffisamment solide pour me faire fuir les livres de Ponti...
Deuxième élément qui me dérange dans ses livres, et c'est bien le mot, de nombreuses images et textes sont à double sens que, seul, bien évidemment, l'adulte comprend. Alors c'est quoi l'idée ? Faire passer inconsciemment des messages à notre enfant sans lui dire la réalité des choses ? Parler de sujets d'adultes de façon détournée et surtout pas franche ? Dans ce livre , il est question de la "grotte des vieux bébés" qui dorment "du long Sommeil Immobile". "Ils ne se sont jamais réveillés"... Et le dessin en très gros plan des bébés n'a rien de rassurant...Sont-ils morts ? A la lecture du livre, mon petit garçon m'a posé la question... Et puis, dans les décors se cachent de multiples montres affreux que les enfants ne voient pas forcément mais qui peuplent malgré tout l'univers de leur livre. Pour quoi faire ? Leur dire qu'il y a bien des monstres partout, toujours, sans qu'on le sache vraiment ? Les effrayer sans oser les dessiner pour ne pas repousser les parents à choisir ces livres ?
Enfin, et là, on se moque probablement du lecteur parent, les deux Ouloums Pims à la fin du livre réussissent leur défi, remettre le soleil en état, deviennent amoureux l'un de l'autre et se serrent dans les bras dans une illustration qui représente une embrassade dans "tous les sens" qui s'apparente à un ébat amoureux qui ne dit pas son nom avant de préciser qu'ils grimpent sur "l'échelle d'amour", le 7ème Ciel ? L'auteur évoque t'il là ses fantasmes, pensant les partager avec les parents, dans des albums enfantins ?
J'ai vu récemment sur la toile des enseignants s'insurger face à des parents rebelles aux "fotes" d'orthographe volontaires de ces ouvrages, en disant que c'est "du grand art" auquel nous semblions "hermétiques", que justement c'est en s'amusant avec les mots qu'on les enregistre mieux et qu'on les comprend mieux... Ouais, enfin tout ça, c'est lorsque qu'on lit ces livres au moins au troisième degré, en maniant déjà suffisamment bien l'orthographe et le sens des mots pour en comprendre le jeu...
Alors, oui, n'en déplaise aux instituteurs, on peut parler aux enfants de la mort, de l'amour, des peurs, mais franchement, clairement et sans arrière pensée ni double sens. En expliquant, en rassurant, pas en pervertissant des images qu'on croirait anodines et qui passent inaperçues sans que personne ne moufte parce que tout cela est validé par le cursus scolaire... Ben voyons !

"L'affeux moche Salétouflaire et les Ouloums Pims" de Claude Ponti, aux éditions Ecole des Loisirs

IDEE DE LECTURE - NON DISPONIBLE DANS LA PETITE BIBLIOTHEQUE DE LA BOTTIERE
 

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